Le char tigre de Fontenay-Saint-Père

 

Historique

Le 26 août 1944, à la suite de la contre-attaque allemande sur Fontenay contre les bataillons US, plusieurs chars Tigre sont détruits ou tombent en panne. Remontant la route 913 dans les bois entre Fontenay et Sailly, le Koenigstiger N° « 124 » subit un bombardement de l’aviation US. Une bombe tombe à proximité creusant un immense cratère sur la route, le char de l’adjudant Fritz Zahner est abandonné. Un peu plus tard, au cours de la contre-attaque, les Américains bousculent l’engin dans l’excavation pour dégager le passage,  laissant émerger à peu près ¼ du char.

La bataille terminée, il faut refaire la route, et se débarrasser de la « bête ». Un ferrailleur de Courbevoie obtient l’adjudication de la carcasse mais le blindage très épais est impossible à découper. L’engin est donc rempli de munitions traînant dans les parages et « détoné ». A peu près ¼ du char est volatilisé. Le temps ou les moyens manquant pour récupérer les restes, le ferrailleur abandonne l’épave. Il faut cependant refaire la route en urgence et l’on ensevelit les restes. Soixante années passent, le char se fait peu à peu oublier. Quelques anciens évoquaient bien son souvenir mais personne ne les prenait au sérieux. (témoignages Jean Gouet et Lucien Pinard)  

 

La découverte en janvier 2001

Enquêtant sur la « Bataille du Vexin »  l’historien Bruno Renoult entreprend à la fin des années 1990 un sondage sur la route. Il s’agit de vérifier la réalité des souvenirs relatés par les anciens. Un écho énorme est détecté, environ 8 mètres de longueur sur 3. Serait-ce le « Tigre » ? Fin 1999, l’historien obtient une autorisation de sondage de la Direction Départementale de l’Equipement dans le fossé de la route. Le 6 janvier  2001, sont mis à jour des plaques d’acier correspondant à des éléments de la tourelle du char. Environ la moitié : un côté complet, la base et le dessus complet, un amas de chenilles, 3 plaques de blindage de protection du roulement latéral, la coupole du chef de char et la trappe, un vérin du canon, un ventilateur du moteur etc. sans compter de nombreux obus et torpilles. Faisant part et déclarant régulièrement sa découverte aux autorités et aux médias l’inventeur  se voit intimé par les autorité de l’époque de reboucher le trou en attendant de prendre une décision. Le « Tigre » est de nouveau recouvert.

 

 

Les décisions

Six mois plus tard, le 25 juin 2001, la sécurité civile intervient pour enlever quelques obus émergeant du talus. Le service de déminage communique à la mairie de Fontenay-Saint-Père un rapport laissant entendre qu’il n’y avait là rien de dangereux pour la population, et probablement rien sous la route… La DDE évalue le coût de son excavation à plusieurs dizaines de milliers d’euros à la charge du particulier, de l’inventeur si intéressé défonçage de la chaussée, extraction du char, puis réfection de la route etc. Ainsi par défaut d’estimation du danger ou par manque de moyens, l’engin de guerre chargé de munitions non désamorcées restera donc sous la route ! La valeur des restes du char et ce qu’il représente, comme témoin d’une bataille ayant engagé autant d’hommes et de moyens, et fait 1500 morts sans compter les civils, la seule bataille d’envergure en Ile de France mériterait d’être récupéré, préservés et  mis en valeur  comme symbole de la « Bataille du Vexin ». N’oublions pas qu’à ce jour un seul char Tigre 2 a été préservé en France, celui du Musée des blindés de Saumur provenant aussi du Vexin français. 

 

Transfert à Marcilly sur Eure et contrat de restauration

En 2014, contact est pris avec l’entreprise de métallerie Galopin à Marcilly-sur-Eure, spécialisée entre-autre dans la restauration de véhicules militaires et agréée par les Bâtiments de France pour intervenir sur les objets patrimoniaux et protégés au titre des Monuments Historiques.

Celle-ci se propose de restaurer la tourelle du char Tigre de Fontenay-Saint-Père, les restes de la tourelle sont enlevés d’une ferme de la Grange Dîme, et transférés à Marcilly-sur-Eure aux hangars Chamourat.  

Le 28 mars une réunion de concertation est organisée à Marcilly avec les représentants de la municipalité de Fontenay-Saint-Père, l’architecte en chef des Monuments historiques, une journaliste du patrimoine et d’une dizaine de passionnés.

Bruno Renoult (l’inventeur du char) établit un contrat de restauration stipulant que la tourelle devrait être assemblée dans le délai d’un an, ou à défaut, revenir à Fontenay à compter de fin mars 2015.    

 

 

La suite

Récemment, début 2016, la municipalité de Fontenay-Saint-Père a émis le désir de voir revenir les vestiges du char à Fontenay tout en affirmant sa volonté de neutraliser, pour raisons de sécurité, les restes de munitions encore enfouis sous la route. La Direction Départementale des Territoires ayant réalisé un sondage in situ, il semble qu’une nouvelle énergie se mette en place pour trouver une solution à « l’affaire du char Tigre ».

Un double but d’utilité publique car les travaux d’extraction finalisés, une restauration partielle de l’épave du char Tigre permettra sa mise en valeur et son exposition comme témoin des âpres combats de la Libération à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans un circuit pédagogique en préparation.

 (A suivre)